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Bourgeois: "Un islam flamand s’impose"
Bourgeois veut une meilleure intégration à tous les niveaux. Sus à l’islamophobie ! Loin des analyses francophones parfois "borderline", la Flandre politique a montré, mercredi au Vlaams Parlement, qu’elle pouvait aborder de manière adulte le délicat dossier des jeunes partis se battre en Syrie.
On fera abstraction des propos haineux de Filip Dewinter et de ses caporaux du Belang prompts à perturber le débat, mais les interventions ont montré que quasi tous les partis flamands n’entendaient pas "surfer" sur une approche populisto-raciste de la question. Bien sûr, Marius Meremans, le représentant de la N-VA, a eu beau jeu de dire que "la politique de la migration ratée depuis des années au niveau fé déral" avait pu engendrer des dérives comme celles qui ont amené des jeunes à rejoindre la Syrie, mais il se reprit en précisant que nombre d’entre eux étaient bel et bien nés ici et qu’en outre, moult d’entre eux avaient aussi des racines flamandes. Un plaidoyer pour poursuivre la politique d’intégration civique, la fameuse "inburgering" qui a, comme on sait, toutes les peines du monde à démarrer en Belgique francophone.
Au nom du CD&V et donc d’un certain bien commun, Ward Kennes s’est fait le défenseur d’un renforcement des politiques sociales. L’intégration passe par une bonne scolarisation, une formation professionnelle suivie et du travail qui permettra à ces jeunes parfois moins favorisés de s’insérer dans les circuits professionnels. Un point de vue que rejoignit l’Open VLD à travers Marleen Vanderpoorten, qui a insisté sur la nécessité de peaufiner le parcours scolaire.
Mais l’analyse la plus pointue vint de Luckas Van Der Taelen (Groen), qui n’a jamais eu sa langue en poche. Ce Bruxellois flamand qui, il n’y a guère, s’était fait remonter les bretelles par son propre parti qui estimait que son analyse de l’immigration à Bruxelles ne pouvait que trop séduire le camp conservateur, a ici remis les pendules à l’heure. Certes, le phénomène du radicalisme est inquiétant mais il est aussi vieux que le monde : par idéal, des mineurs ont menti sur leur âge pour se battre pendant la Première Guerre; puis il y a eu des faux prophètes comme Cyriel Verschaeve qui a envoyé des milliers de jeunes sur le front de l’Est aux côtés des Nazis Mais par-delà cette analyse, le parlementaire de Forest a surtout épinglé le fait que des autorités religieuses musulmanes d’ici avaient reconnu qu’il y avait un problème. Une chance de dialogue selon lui, à ne pas laisser passer. En essayant, enfin, de comprendre ce qui peut se passer dans leurs têtes, à la manière de Robert MacNamara pendant la Guerre froide.
Inspiré des Lumières
Mais on attendait la réplique de Geert Bourgeois. N’en déplaise à d’aucuns, pour lui "l’intégration n’est pas un échec" car "ici, il est question de radicalisme et de fondamentalisme". Il s’impose donc de prendre très vite langue avec les responsables flamands de l’islam et tout mettre en œuvre pour qu’un islam flamand - nous dirions "belge" - puisse émerger dans un environnement inspiré par les valeurs des Lumières. Sur le terrain, cela passera par une réelle formation des imams mais aussi en jouant sur tous les registres de la réforme de "l’inburgering" dans laquelle il met vraiment beaucoup d’espoirs.
Bron:
Christian Laporte, Lalibre.be